Déchiffrer les indicateurs SMART
Aujourd’hui, je souhaite aborder une notion qui peut parfois sembler mystérieuse, mais qui a son importance dans la gestion de projets : les indicateurs SMART. Comme vous le savez déjà, je suis un grand amateur de tout ce qui nous permet de mieux comprendre notre environnement et de prendre des décisions éclairées. C’est pourquoi je tiens à vous parler des indicateurs SMART. Je me permettrai aussi de prendre “un peu” de distance … !

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un indicateur SMART ? L’acronyme SMART renvoie à cinq critères : Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini. Ces critères sont utilisés pour formuler des objectifs de manière précise et efficace. Il s’agit d’un outil de management qui permet d’exprimer clairement ce que l’on souhaite réaliser, comment, et dans quel délai. Voyons cela plus en détail.
- Spécifique : Un objectif doit être clair et précis. Par exemple, “Augmenter le trafic sur mon blog” est trop vague. Par contre, “Augmenter le nombre de visiteurs uniques sur mon blog de 20% en six mois” est un objectif spécifique.
- Mesurable : Pour savoir si l’objectif est atteint, il faut pouvoir le mesurer. Dans notre exemple, le nombre de visiteurs uniques sur le blog est une mesure claire.
- Atteignable : L’objectif doit être réalisable. Si je n’ai jamais eu plus de 10 visiteurs par jour sur mon blog, augmenter à 10 000 visiteurs par jour n’est probablement pas atteignable.
- Réaliste : L’objectif doit être en accord avec les ressources disponibles (temps, argent, compétences…). Si je suis le seul à gérer mon blog et que j’ai un emploi à temps plein, augmenter mon nombre de visiteurs de 200% en un mois pourrait ne pas être réaliste.
- Temporellement défini : Enfin, un objectif doit avoir une échéance. Sans délai, il est facile de remettre les actions au lendemain et de ne jamais atteindre l’objectif. Dans notre exemple, l’objectif est fixé à échéance de six mois.
Une fois que nous avons défini nos objectifs SMART, le travail ne s’arrête pas là, loin de là même. En fait, c’est là que les choses sérieuses commencent. Pourquoi ? Parce que suivre et mesurer nos progrès par rapport à ces objectifs est absolument essentiel. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le suivi et la mesure sont importants. Tout d’abord, ils nous permettent de comprendre où nous en sommes par rapport à nos objectifs. En surveillant nos progrès, nous pouvons voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et ajuster nos plans en conséquence. C’est un peu comme naviguer en mer avec une carte : nous avons besoin de savoir où nous sommes pour pouvoir ajuster notre cap et éviter les écueils. Le suivi nous donne cette information essentielle.
Ensuite, mesurer nos progrès nous aide à prévoir et à anticiper. Si nous savons que nous sommes en avance sur notre objectif, nous pouvons décider de le rendre plus ambitieux, ou de nous concentrer sur d’autres domaines. Si nous sommes en retard, nous pouvons chercher des moyens d’accélérer notre progrès, ou réévaluer si notre objectif est réaliste. En d’autres termes, le suivi et la mesure nous permettent de garder le contrôle de notre destinée, plutôt que de simplement espérer le meilleur.
Enfin, suivre et mesurer nos progrès est majeur pour l’évaluation. Sans mesures claires, comment saurions-nous si nous avons réussi ou échoué ? En évaluant régulièrement nos progrès, nous pouvons célébrer nos succès, apprendre de nos échecs, et continuellement nous améliorer. C’est ainsi que nous avançons.
Toutefois tout n’est pas si fabuleux avec ces fameux indicateurs SMART. Vous savez, malgré tous les avantages que j’ai mentionnés, ces petits outils ont aussi leurs limites, et elles sont importantes à souligner. En fait, l’une des grandes limites des indicateurs SMART, c’est qu’ils ont tendance à nous faire croire que tout est quantifiable. Or, dans la vraie vie, tout ne se résume pas à des chiffres.
Par exemple, je pourrais tenter d’évaluer l’amour que je porte à mes enfants. Oui, je sais, ça semble un peu absurde, mais ça illustre bien le propos. Comment est-ce que je pourrais mesurer ça de manière SMART ? Un critère pourrait être le temps que je passe avec eux. Ça semble logique, non ? Plus je passe de temps avec eux, plus je les aime, en principe.
Mais voilà, est-ce vraiment une mesure pertinente ? Est-ce que le fait de passer trois heures à faire des puzzles avec mes enfants signifie que je les aime trois fois plus qu’un parent qui passe une heure à jouer au foot avec les siens ? Et qu’en est-il des parents qui travaillent de longues heures pour subvenir aux besoins de leurs enfants ? Leur amour est-il moins grand parce qu’ils passent moins de temps à la maison ?
Vous voyez, la mesure du temps passé ensemble pourrait être Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, et Temporellement défini, mais elle est loin d’être parfaite. C’est ici que les indicateurs SMART peuvent nous induire en erreur. Ils nous donnent l’illusion d’une précision qui n’est pas toujours justifiée.
Alors, que retenir de tout ça ? Eh bien, les indicateurs SMART peuvent être d’excellents outils pour nous aider à définir et atteindre nos objectifs. Cependant, il ne faut pas oublier que tout ne peut pas être mesuré et que certains aspects de la vie échappent à toute quantification. Parfois, il faut simplement faire confiance à notre instinct, à nos sentiments, et accepter que certains aspects de la vie ne peuvent pas être réduits à des chiffres et ne pas sombrer dans ce que mon amie Florence Jany-Catrice appelle la quantophrénie.
Faisons enfin un parallèle entre la mesure de l’amour que je porte à mes enfants et la mesure de l’intégration des immigrés dont je vous parlais récemment. J’ai souligné que l’intégration des immigrés ne peut pas être mesurée simplement par leur taux d’emploi. C’est comme si on disait que plus un immigrant travaille, plus il est intégré et donc plus il aime son nouveau pays. Ce serait aussi absurde que d’essayer de mesurer l’amour que je porte à mes enfants en fonction du temps que je passe avec eux. C’est une approximation qui peut donner une impression, mais qui est loin de toute la complexité de la réalité.
Le temps passé au travail ne peut pas traduire l’ensemble des liens qui se tissent entre une personne immigrée et son nouveau territoire d’accueil, tout comme le temps que je passe avec mes enfants ne peut pas traduire toute la profondeur et la richesse de l’amour que je leur porte. De même qu’il y a tant d’autres façons d’aimer mes enfants que simplement passer du temps avec eux, il y a tant d’autres façons pour un immigré de s’intégrer et d’aimer son nouveau pays que simplement par le travail.
Malgré toutes nos avancées, toutes nos techniques, tous nos indicateurs, toutes les apparences de simplicité, il y a des dimensions de la vie humaine qui échappent encore à notre volonté de tout quantifier. C’est peut-être aussi pour cela que nous sommes toujours à la recherche de nouvelles façons de comprendre le monde autour de nous.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (25 juillet 2023). Déchiffrer les indicateurs SMART. Le blog du papa chercheur. Consulté le 8 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/snsn
1 réponse
[…] exemple, le taux d’emploi n’est pas une mesure adéquate de l’intégration, tout comme le temps passé au travail ne mesure pas l’amour que portent les immigrés à leur …. Aujourd’hui, je voudrais réitérer l’importance des sciences humaines et sociales […]