L’improvisation théâtrale : un outil pour les sciences sociales ?
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’une méthode de formation qui me fascine : l’improvisation théâtrale. Vous vous demandez peut-être ce que cela a à voir avec les sciences sociales. Eh bien, beaucoup plus que vous ne pourriez le penser !

La science sociale est un champ vaste et diversifié qui couvre une grande variété de disciplines, allant de la sociologie à l’économie, en passant par la psychologie et l’anthropologie. Dans ces disciplines, nous cherchons à comprendre les structures sociales, les comportements humains et les relations entre individus et sociétés.
Pour ce faire, nous utilisons une grande variété de méthodes, depuis l’observation participante jusqu’aux entretiens en passant par l’analyse statistique. Mais il y a aussi des méthodes plus atypiques. Une méthode qui, bien qu’encore relativement rare dans notre domaine, gagne en popularité pour son potentiel à éclairer certaines des questions les plus délicates des sciences sociales : l’improvisation théâtrale.
Vous pouvez découvrir cette méthode dans un billet linkedin de Décalez, une agence de formation qui a récemment utilisé l’improvisation théâtrale lors d’un campus de cadres à l’Université de Bordeaux. En créant des scénettes interactives, ils ont illustré le concept des biais cognitifs, permettant aux participants non seulement de comprendre ces biais, mais aussi de les vivre.
Imaginez ce que cela signifie : les participants ne sont plus de simples spectateurs d’un concept abstrait, mais ils deviennent des acteurs au cœur de ce concept, le vivant, le ressentant et le comprenant d’une manière qui n’aurait pas été possible par une simple lecture ou une conférence.
Et c’est là que réside tout le pouvoir de l’improvisation théâtrale : elle permet de mettre en scène des situations réelles et d’apporter une dimension émotionnelle à l’apprentissage, élément souvent négligé dans l’enseignement traditionnel. De plus, cette méthode favorise le débat, l’échange d’idées et l’interaction sociale, des éléments clés de l’apprentissage actif.
Alors maintenant, imaginons-nous dans des situations un peu plus délicates. Par exemple, travailler avec des personnes vulnérables. L’improvisation théâtrale pourrait se révéler un outil précieux. Pourquoi ? Parce qu’elle permet de créer un espace de sécurité, un cocon où chacun peut s’exprimer librement, partager ses expériences sans crainte. L’interaction devient plus fluide, et une communication honnête peut émerger naturellement. C’est comme si l’improvisation desserrait les liens de l’anxiété sociale, rendant possible une connexion plus authentique, et plus humaine.
Ensuite, parlons de la barrière linguistique. Un défi que tout chercheur en sciences sociales peut rencontrer. Vous savez quoi ? L’improvisation, encore une fois, peut venir à la rescousse. Parce que le langage, ce n’est pas que des mots. C’est aussi le corps, le geste, le ton, le rythme. Et l’improvisation théâtrale exploite précisément ces ressources. Elle nous aide à développer une communication non-verbale efficace, une sorte de langage universel qui transcende les frontières de la langue.
Enfin, que faire lorsque nous sommes confrontés à des sujets complexes, lourds, sensibles ? Ces sujets qui nécessitent une délicatesse particulière, une approche réfléchie. Et bien, vous l’avez deviné : l’improvisation théâtrale peut être une réponse. Elle permet de décomposer les problèmes, de les aborder sous différents angles, d’explorer des solutions de manière créative et intuitive. C’est comme si, grâce à l’improvisation, nous pouvions naviguer à travers la complexité, faire la lumière sur les zones d’ombre, et permettre une compréhension plus profonde.
Bien sûr, comme toute méthode, l’improvisation théâtrale a ses limites. Elle ne remplacera jamais une étude empirique rigoureuse, mais elle peut compléter d’autres méthodes et apporter une nouvelle dimension à notre compréhension des phénomènes sociaux.
Je suis vraiment enthousiasmé par le potentiel de cette méthode, et j’aimerais encourager tous ceux qui sont intéressés à l’explorer. L’improvisation théâtrale peut ouvrir de nouvelles perspectives, favoriser l’engagement et apporter une touche de créativité à notre recherche et notre enseignement. Et après tout, qui a dit que la science sociale ne pouvait pas être un peu théâtrale ?
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (11 juillet 2023). L’improvisation théâtrale : un outil pour les sciences sociales ? Le blog du papa chercheur. Consulté le 7 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/sns6