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De la concertation aux routines: ce que révèle l’expérience “Rues et places de possibles”

Dans un billet détaillé publié récemment, j’explore pas à pas l’expérimentation « Rues et places de possibles » conduite à Rosemont–La Petite‑Patrie et à Strasbourg, en mobilisant la littérature sur la culture organisationnelle, la dynamique interne du changement et les limites de la participation citoyenne classique. Ce texte est dense ; il suit le fil de l’enquête, multiplie les références scientifiques et propose une lecture critique approfondie. Conscient que tout le monde ne dispose pas du temps nécessaire pour parcourir cette version longue, je partage ici une synthèse axée sur la pratique : elle restitue l’essentiel sans formuler de prescriptions, mais en montrant comment, lorsque certaines conditions sont réunies, la co‑construction peut réellement transformer l’administration et les projets urbains.

Synthèse pour les praticiens

L’expérimentation « rues et places de possibles », menée à Rosemont–La Petite‑Patrie (Montréal) et à Strasbourg, montre qu’un dispositif de co‑conception associant citoyens, experts et fonctionnaires peut dépasser la consultation symbolique pour influencer la manière même dont une administration réfléchit et agit. Les résultats, croisés avec une littérature récente sur la participation et la culture organisationnelle, indiquent quelques conditions favorables plutôt que des recettes :

Lorsque la participation est portée de l’intérieur, c’est‑à‑dire soutenue par des cadres et des agents qui y voient un moyen d’améliorer l’action publique, les pratiques collaboratives ont plus de chances d’être intégrées aux routines. Dans ces contextes, on observe que les services révisent leurs procédures d’arbitrage et créent des espaces où la parole citoyenne devient une ressource régulière, plutôt qu’un événement ponctuel.

Lorsque l’organisation accepte d’examiner sa culture au‑delà des artefacts (les outils, les réunions, le vocabulaire), les valeurs et postulats professionnels peuvent évoluer : à Strasbourg, l’équipe projet a installé une cellule d’appui méthodologique et formé les agents à la facilitation, signalant que la collaboration n’est plus périphérique mais structurelle.

Lorsque la participation est poursuivie dans le temps et articulée à des décisions concrètes (budget, calendrier, maquettes évolutives), les acteurs constatent une clarification des divergences d’usage et l’émergence de compromis « habités » par les futurs usagers. La littérature sur les dispositifs délibératifs soutenus montre des effets similaires : la répétition et la transparence des boucles « discussion–prototype–retour » encouragent la confiance et réduisent le risque de « participation‑vitrine ».

Lorsque la démarche est affrontée à la complexité plutôt qu’à des enjeux déjà balisés, la diversité des points de vue devient un atout. Les participants mobilisent leurs savoirs d’usage pour reformuler les problèmes, tandis que les experts ajustent leurs solutions initiales. Ce dialogue adultise la décision plutôt qu’il ne la ralentit.

Lorsque la municipalité documente et rend compte publiquement de l’usage réel des propositions citoyennes, la perception d’utilité demeure élevée malgré les ajustements inévitables. À Rosemont, la publication d’un journal de bord a permis aux riverains impliqués de suivre les itérations et d’en mesurer l’effet sur le projet final ; ce retour trace un lien clair entre contribution et résultat, limitant la désillusion fréquemment évoquée dans la littérature.

Enfin, lorsque des ressources modestes mais pérennes (temps des agents, budget d’animation, accompagnement politique explicite) sont garanties, la participation devient plus qu’une réponse à une pression ponctuelle. Les cas étudiés montrent que même un financement limité, s’il est sécurisé sur plusieurs exercices, suffit à maintenir l’élan collaboratif et à ancrer la pratique dans la durée.

Pour prolonger la réflexion, vous pouvez parcourir quelques carnets Hypothèses qui abordent l’urbanisme participatif, la gouvernance ou la recherche‑action : DIAGONAL (https://diagonal.hypotheses.org), UrbaTime (https://urbatime.hypotheses.org), PAVE (https://pave.hypotheses.org), Public ! (https://igpdepublic.hypotheses.org), Master STS (https://mastersts.hypotheses.org), Anamorphose (https://anamorphose.hypotheses.org), PédagAU (https://pedagau.hypotheses.org) et PPAU/PAUE (https://ppau.hypotheses.org).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (4 mai 2025). De la concertation aux routines: ce que révèle l’expérience “Rues et places de possibles”. Le blog du papa chercheur. Consulté le 8 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13uza


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