Expérimentation participative : innovation superficielle ou changement institutionnel ?
Le projet « Rues et places de possibles », conduit simultanément à Rosemont‑La Petite‑Patrie (Montréal) et à Strasbourg (France), constitue un terrain pour observer en situation réelle la promesse (et les limites) de la participation citoyenne. Durant plusieurs mois, un panel d’habitants a co‑conçu l’aménagement d’un espace public aux côtés d’experts, de fonctionnaires et d’élus. L’exercice soulève une interrogation centrale : assiste‑t‑on à la simple addition d’un nouvel artefact de gouvernance – procédures de consultation, réunions, outils numériques – ou bien à une transformation plus profonde de la culture organisationnelle, c’est‑à‑dire des valeurs partagées et des postulats qui orientent l’action ?

Derrière cette question se profile un enjeu plus large : la capacité transformatrice des administrations publiques elles-mêmes. Car au‑delà du dispositif participatif en tant que tel, c’est le rôle de l’État dans la reconfiguration des modes de décision, de savoir et de légitimité qui se trouve mis à l’épreuve. La participation devient alors un révélateur – ou non – d’un déplacement institutionnel.
Pour éclairer ce dilemme, nous mobilisons ici la littérature récente en science politique, administration publique et sociologie des organisations. Ces travaux rappellent, d’une part, que les dispositifs participatifs risquent de rester cosmétiques lorsqu’ils ne modifient ni la hiérarchie des savoirs ni la répartition du pouvoir (Kurkela et al., 2024). D’autre part, ils montrent qu’une participation authentique peut devenir un levier de transformation institutionnelle lorsque les administrations intègrent réellement les contributions citoyennes dans leurs routines décisionnelles (Torfing et al., 2019).
Notre analyse se déploie autour de quatre dimensions :
- la profondeur du changement culturel (au‑delà des seuls artefacts) ;
- la dynamique interne des organisations versus la pression externe des citoyens ;
- les critiques contemporaines d’une participation jugée trop superficielle ;
- la manière dont la résolution de problèmes complexes (wicked problems) suppose un co‑travail plus robuste entre experts et profanes (Nabatchi & Leighninger, 2015).
En filigrane, il s’agit de déterminer si l’innovation participative observée relève d’une vitrine symbolique destinée à légitimer l’action publique ou d’un véritable réagencement des modes de pensée et d’action administratifs. Les pages qui suivent mettent ces dimensions à l’épreuve du cas franco‑québécois, en dialoguant étroitement avec les résultats de la recherche la plus récente.
Au-delà des dispositifs eux-mêmes, notre réflexion prend appui sur une métaphore urbanistique : celle du centre et de la périphérie. En matière de participation, les pressions citoyennes venues de la « périphérie » organisationnelle – collectifs, groupes d’usagers, revendications ponctuelles – tendent à produire des effets visibles mais limités, souvent circonscrits aux artefacts de gouvernance. À l’inverse, les transformations durables des routines et des valeurs décisionnelles semblent émerger du « centre » de l’organisation : là où se croisent légitimités formelles, autorité hiérarchique et capacité d’agir sur les processus. C’est dans cette tension – entre ouverture périphérique et appropriation centrale – que se joue, selon nous, le potentiel transformateur des démarches participatives.
Le projet « Rues et places de possible »
Au cœur du projet « Rues et places de possibles » se trouvent deux territoires de chaque séparés par un océan mais unis par une coopération expérimentale entre la Ville de Strasbourg et l’arrondissement de Rosemont–La Petite‑Patrie à Montréal. Chacune des deux municipalités a choisi un site spécifique pour tester une démarche de co-conception participative de cet espace public fondée sur des principes communs.
À Montréal, le projet prend place sur l’« Île aux volcans », un aménagement transitoire installé depuis 2019 à l’intersection des rues De Drucourt et Marquette, dans un quartier résidentiel dense de Rosemont. L’expérimentation, lancée en septembre 2024, visait à produire des recommandations citoyennes pour réaménager cet espace public, en croisant savoirs d’usage et expertise technique. Un panel de douze citoyen·nes a travaillé avec trois groupes thématiques (mobilité et sécurité, usages et usagers, résilience), selon un protocole structuré en six temps. Après une phase d’immersion, de diagnostic et de convergence, le panel a rédigé un avis citoyen présenté au maire de l’arrondissement. L’animation et la documentation de la démarche ont été confiées à l’organisme Dynamo, également chargé de l’évaluation formative de l’expérimentation (Dynamo, 2025).
À Strasbourg, le projet s’est déployé dans le secteur de la gare centrale, au croisement des rues Kageneck et Kuhn et de la place Karl-Ferdinand-Braun. Le site, fortement fréquenté et exposé à des enjeux de transition écologique et de requalification urbaine, avait déjà fait l’objet d’une mobilisation citoyenne à travers le collectif « Coup de frais dans le quartier Gare ». Sur cette base, la Ville a lancé en 2024 une démarche participative ambitieuse, articulée autour d’un panel citoyen représentatif et de groupes techniques thématiques, avec l’appui d’un tiers facilitateur indépendant. La méthode s’est déployée se lon le même protocole : panel citoyen, ateliers thématiques, visite sensible du site, travail séparé puis croisé entre citoyens et experts, rédaction d’un cahier de propositions, restitution finale devant la Maire, les élu·es et les directions concernées.
Dans les deux contextes, la démarche visait à tester un protocole de participation co-construite, appuyé sur les outils de discernement proposés par Latour (Keiff, 2024a) et sur la notion de bureaucratie représentative active par l’extérieur (Keiff, 2024b). Les étapes sont :
- Le lancement officiel (temps 0) pour inscrire officiellement la démarche dans l’agenda politique en présence du maire.
- Deux vagues de rencontres séparées (temps 1 et temps 2) permettent au panel et aux groupes d’experts de dresser un état des lieux, d’arpenter collectivement le sujet et de cartographier les usages réels et désirés.
- La mise en commun (temps 3) ouvre la phase de convergence : citoyens et experts confrontent leurs diagnostics et négocié un horizon commun.
- Un huis clos du panel (temps 4) aboutit à la rédaction d’un avis citoyen structuré
- La lecture solennelle devant le maire (temps 5) cloture le cycle en donnant à la proposition un statut public.
Au‑delà des artefacts : changement de culture organisationnelle ou simple vitrine ?
Comprendre les effets réels de la participation suppose de dépasser la description des dispositifs et de se pencher sur la manière dont les administrations s’en saisissent. Pour cela, le cadre proposé par Edgar Schein sur la culture organisationnelle offre une clé d’analyse.
Selon Schein (2017), toute organisation repose sur trois niveaux de culture : les artefacts, qui désignent les manifestations visibles et formelles (procédures, outils, chartes, rituels) ; les valeurs proclamées, c’est‑à‑dire les principes affichés dans les discours officiels (comme l’ouverture, la transparence ou la collaboration) et le fonctionnement formalisé de la strcuture ; et enfin les postulats inconscients, qui sont les routines et les croyances profondément enracinées, souvent implicites, sur la manière dont on doit décider, hiérarchiser les savoirs, ou gérer les rapports de pouvoir.
Mobiliser cette grille permet de poser une question centrale : lorsque l’on parle d’innovation participative, de quoi s’agit‑il exactement ? Met‑on en place un nouveau rituel de consultation sans effet sur le fonctionnement réel de l’organisation ? Ou bien touche‑t‑on aux règles du jeu invisibles qui orientent les décisions ? En d’autres termes, la participation transforme‑t‑elle uniquement les artefacts visibles, ou bien reconfigure‑t‑elle en profondeur les pratiques et les représentations internes des administrations ?
C’est à cette première interrogation – celle de la profondeur du changement – que nous nous intéressons dans la section qui suit. Car un des questions clé est donc de savoir si l’innovation participative se limite aux artefacts ou si elle reconfigure les couches plus profondes, là où s’élaborent les véritables logiques d’action.
Les travaux empiriques les plus récents montrent que, dans beaucoup de collectivités, la participation citoyenne demeure une coquille vide : on ajoute des forums de discussion sans toucher aux routines de décision ni à la place centrale accordée à l’expertise technique. Autrement dit, le discours d’ouverture ne se traduit pas en déplacement réel des postulats ; la participation sert alors de vitrine légitimante plutôt que de mécanisme de partage du pouvoir.
Pour devenir transformative, la participation exige une évolution des normes internes et des identités professionnelles. Une enquête de Jäntti et collègues auprès de municipalités nordiques souligne que l’installation d’espaces « authentiques » de coconstruction suppose des changements intentionnels de culture : réinterpréter la frontière entre savoir expert et savoir profane, encourager la confiance réciproque et accepter l’incertitude qu’implique le dialogue. Ces ajustements s’observent à Strasbourg où, depuis plusieurs années, le dispositif participatif est intégré aux circuits décisionnels : équipes transversales dédiées, protocoles d’instruction des propositions citoyennes, appui politique stable. La présence de personnels formés à la médiation et la valorisation explicite des connaissances habitantes témoignent d’un déplacement progressif des postulats vers une conception plus horizontale de l’expertise.
À Rosemont, bien que l’expérimentation soit plus récente, des signaux similaires apparaissent. L’animation du processus par un organisme externe, la lecture publique des recommandations du panel devant le maire, et la mobilisation active de fonctionnaires dans les échanges ont contribué à sortir la participation du registre purement symbolique. Cette ouverture, même ponctuelle, questionne la hiérarchie habituelle des savoirs au sein de l’arrondissement.
L’étude comparative de Kurkela, Kork, Jäntti et Paananen (2023) renforce ce diagnostic : la participation devient « influentielle » lorsqu’elle est conçue comme un système intégré, doté de ressources, de règles claires et d’un leadership favorable. Sans ce socle, les dispositifs restent périphériques et peinent à survivre aux alternances politiques. En revanche, quand la direction assume un rôle de sponsor, ajuste ses processus et redéfinit les critères de légitimité, la participation franchit le cap symbolique pour pénétrer l’ADN institutionnel.
Strasbourg semble plus avancée dans cette structuration. La ville dispose d’un appareil politique consolidé, de services administratifs dotés de moyens, et d’une culture de la participation progressivement intégrée aux routines décisionnelles. On y observe un déplacement des valeurs proclamées vers les postulats, notamment à travers la reconnaissance du savoir citoyen et la régularité des dispositifs.
À Rosemont, la dynamique est plus récente et encore en construction. L’engagement clair du maire, la participation active de plusieurs services et le recours à des méthodologies rigoureuses traduisent une volonté réelle de faire évoluer les pratiques. Mais la pérénnisation de cette approche reste en suspens : elle dépendra de la capacité à consolider ces premières expérimentations dans les structures de l’arrondissement, à affecter des ressources pérennes, et à formaliser les processus d’intégration des recommandations citoyennes. En l’état, la participation rosemontoise amorce un déplacement culturel, mais sans encore les garanties organisationnelles qui permettraient de parler d’une véritable transformation des postulats.
Moteurs internes du changement vs pressions externes
La profondeur d’une innovation participative dépend souvent de son point d’origine. La littérature classique présente les administrations comme réactives : confrontées à des mobilisations citoyennes, à des injonctions politiques ou à des controverses, elles ouvrent – parfois à contrecœur – de nouveaux canaux de consultation. Les travaux récents nuancent cette vision. Ils montrent que les bureaucraties peuvent, de l’intérieur, initier l’ouverture et en faire un pilier de leur légitimité. C’est précisément la logique de la « bureaucratie représentative active par l’extérieur » : des agents publics s’engagent volontairement dans la co‑création pour représenter les intérêts citoyens plutôt que de se contenter d’y répondre passivement.
Des études de cas confirment ce volontarisme. À Aalborg, la transition du New Public Management vers le New Public Governance s’est construite sur une décision stratégique des cadres municipaux : associer systématiquement les habitants à la génération d’idées et à la résolution de problèmes afin de stimuler l’innovation et d’améliorer les services publics. Strasbourg illustre la même dynamique : l’administration locale a joué un rôle entrepreneurial en conviant les riverains à co‑concevoir l’espace public, portée par la conviction interne qu’une telle démarche renforcerait l’adhésion collective.
Strasbourg illustre sensiblement la même dynamique. L’initiative “Rues et places de possibles” a été intégrée en amont dans l’agenda politique, avec un engagement clair de la Ville à justifier tout arbitrage et une coordination active entre directions. Plusieurs services ont adapté leur fonctionnement pour rendre possible l’interface avec le panel citoyen, signe d’une appropriation organisationnelle. L’usage d’un tiers facilitateur indépendant, validé par les directions techniques, a renforcé cette dynamique, en offrant un espace de négociation entre expertise interne et savoirs d’usage.
Par ailleurs, plusieurs facteurs internes s’avèrent décisifs. L’étude de Jäntti et ses collègues (2023) souligne l’importance d’un management qui assume la participation comme mission organisationnelle : sans appui hiérarchique clair, les dispositifs restent périphériques. De même, Torfing, Sørensen et Røiseland (2019) insistent sur le rôle des fonctionnaires‑médiateurs : leurs compétences relationnelles, leur capacité à traduire les savoirs citoyens et leur volonté de partager le pouvoir conditionnent la pérennité des expérimentations collaboratives.
Pressions externes et moteurs internes ne s’excluent pas ; ils peuvent se renforcer. Une contestation citoyenne peut déclencher l’ouverture, mais la transformation s’installe vraiment quand les acteurs administratifs s’approprient la participation pour accomplir plus efficacement leur mission. Faute de cette appropriation, les réformes se délitent dès que la pression retombe. Les recherches récentes invitent donc à dépasser l’idée d’une bureaucratie purement défensive : les champions internes et les mutations culturelles qu’ils impulsent apparaissent comme les vrais vecteurs d’une gouvernance participative durable, transformant un geste symbolique en changement institutionnel auto‑entretenu.
En fin, l’existence donc d’un « champion interne » (désigne une personne située à l’intérieur de l’organisation – cadre, professionnel ou élu) qui prend l’initiative de promouvoir une innovation et la défend activement jusqu’à son adoption peut être déterminante (Buchanan & Badham, 1999 ; Grima, 2006). Concrètement, ce rôle combine : la capacité à formuler une vision (expliquer pourquoi la participation est utile), l’influence informelle (mobiliser des collègues, convaincre la hiérarchie), et la persévérance pour lever les obstacles administratifs. Les recherches récentes montrent que ces individus agissent comme traducteurs entre les exigences politiques, les logiques professionnelles et les attentes citoyennes ; ils rendent la co‑construction crédible et praticable au quotidien (Nesbit, 2024 ; Lees-Marshment, 2024). Autrement dit, sans ce relais interne, même une forte pression externe risque de rester sans effet durable, car aucune personne ne porte la réforme au sein des routines organisationnelles.
À Rosemont, le volontarisme existe également, mais il s’appuie d’abord sur l’impulsion politique du maire, très présent dans la démarche, plutôt que sur une structuration administrative préexistante. Certains services se sont impliqués activement dans les ateliers et les échanges, mais l’absence d’équipe dédiée ou de mécanismes stabilisés d’intégration des propositions pose la question de la continuité. Dans ce type de configuration, fondée principalement sur un portage politique, il est fréquent que les « champions internes » – ces figures administratives qui traduisent, ancrent et prolongent les innovations – fassent défaut. Or, sans relais à l’intérieur même de l’appareil administratif, les dispositifs peinent à se consolider au-delà du temps court de l’expérimentation. L’énergie initiale peut alors se heurter à l’inertie des routines ou à l’usure politique, compromettant la capacité à institutionnaliser les apprentissages. L’expérimentation a ici bénéficié d’un climat de confiance et d’un soutien manifeste, mais la structuration administrative autour de la participation reste à construire. On observe donc à Rosemont une volonté d’ouverture portée par le leadership politique, mais encore fragile sur le plan organisationnel – précisément parce qu’elle ne s’accompagne pas encore de structuration (valeurs) internes capables d’en assurer la traduction dans les pratiques quotidiennes.
De l’alibi participatif à une participation substantielle : critiques contemporaines
Les travaux récents sur la démocratie participative pointent le risque croissant d’un « alibi » participatif. Derrière des consultations ponctuelles ou des audiences publiques très médiatisées, l’influence accordée aux citoyens reste souvent minimale. Plusieurs enquêtes soulignent même que ces dispositifs peuvent produire l’effet inverse de celui recherché : loin de renforcer la confiance, ils alimentent la défiance lorsqu’ils apparaissent comme des vitrines sans incidence sur les décisions (Loisel & Rio, 2024) Le Monde.fr. Ce soupçon de mise en scène, déjà formulé par Arnstein en 1969, ressurgit aujourd’hui avec une vigueur nouvelle, nourri par des cas empiriques montrant la distance entre promesse d’inclusion et maintien du monopole décisionnel.
L’une des notions clés forgées pour décrire ces dérives est celle de participation‑washing, forgée par Sloane et al. (2022) sur le modèle du greenwashing . Elle désigne “Des processus de participation fictifs dans lesquels les citoyens sont invités à exprimer leur opinion sur des questions non décisives ou sans importance.” (Trowbridge, 2025) On a tous connu ces processus où l’on convie le public à débattre d’éléments marginaux – une palette chromatique, un micro‑mobilier urbain – alors que l’essentiel est tranché en amont. Les participants saisissent vite la supercherie : leur parole est sollicitée, mais leur pouvoir est nul. Plusieurs études rappellent que cette dissonance entre discours d’ouverture et fermeture des choix stratégiques nourrit un sentiment d’impuissance et, à terme, le rejet de toute démarche participative (Gourgues & Mazeaud, 2022; Holum, 2022).
Ces critiques ont ravivé le débat sur la qualité procédurale des dispositifs. L’OCDE, dans ses Guidelines for Citizen Participation Processes (2022), insiste désormais sur l’obligation pour toute autorité publique de préciser, avant la consultation, la façon dont les contributions seront intégrées, ainsi que le périmètre réel d’influence accordé aux citoyens OECD. De telles garanties de « traçabilité » de l’impact constituent une réponse directe au risque de tokenisme : c’est en rendant visibles les articulations entre parole profane et décision institutionnelle que l’on passe d’une participation performative à une participation substantielle.
L’expérience du projet Rues et places de possibles confirme la pertinence de ces alertes, mais permet aussi d’identifier des garde-fous concrets pour les dépasser. Le protocole testé repose explicitement sur une logique de cheminement collectif, dans laquelle les citoyen·nes ne sont pas seulement consulté·es sur des éléments cosmétiques mais associés à la définition même des enjeux, à l’analyse partagée des contraintes, puis à la formulation des propositions. Ce processus, rythmé, documenté, et ponctué par des moments de restitution publique, contribue à renforcer la lisibilité de l’impact citoyen. La lecture solennelle des recommandations en présence des élu·es et la promesse de justification en cas de non-suivi des propositions constituent des marqueurs importants d’un engagement institutionnel plus fort que dans les démarches classiques.
Cette configuration ne garantit pas l’adhésion à toutes les décisions, mais elle établit un contrat symbolique clair : les citoyen·nes ne décident pas seuls, mais leur voix compte, et toute divergence devra être explicitée. C’est peut-être là l’enseignement le plus transversal du projet : dépasser le modèle du “oui mais tout est déjà décidé” au profit d’une ingénierie de la clarté démocratique. Autrement dit, c’est moins la quantité d’espaces participatifs que la qualité des conditions de discussion, de formulation et de retour qui détermine la confiance. À ce titre, Rues et places de possibles propose des repères utiles pour renforcer la crédibilité démocratique des politiques locales.
Enfin, la critique contemporaine ne vise pas la participation en soi, mais l’« instrumentalisation » qui l’accompagne lorsque les élites s’approprient le langage de l’inclusion pour conforter le statu quo. Comme le montrent Loisel et Rio (2024), la multiplication des outils participatifs sert parfois la légitimation de politiques déjà ficelées plutôt que l’émancipation civique. Pour dépasser cet écueil, les chercheurs appellent à coupler tout dispositif avec un mécanisme clair de suivi et d’évaluation : publication des décisions motivées, retour systématique aux participants, et contrainte institutionnelle d’expliquer tout écart entre recommandations citoyennes et choix finaux. Sans ces garde‑fous, la prolifération de forums et plateformes risque de discréditer durablement l’idée même de gouvernance partagée.
L’expérimentation Rues et places de possibles, en croisant animation indépendante, engagements politiques formalisés, et production collective de diagnostics, permet de dégager un ensemble de conditions minimales pour éviter l’effet vitrine. Parmi celles-ci :
- une clarification explicite du périmètre de la participation dès le départ ;
- une mise en discussion réelle des enjeux structurants, et non des éléments périphériques ;
- la co‑construction progressive d’un langage commun entre citoyens et experts ;
- la traçabilité des arbitrages finaux, incluant un engagement de reddition de comptes sur les écarts ;
- et enfin, un espace sécurisé de formulation citoyenne, comme le huis clos final du panel, qui garantit l’indépendance du jugement.
Ces exigences ne sont ni théoriques ni surplombantes : elles ont été testées en situation réelle et apparaissent comme des repères concrets pour toute organisation souhaitant dépasser le registre symbolique. En les réunissant, le projet ne garantit pas le changement, mais il crée les conditions de sa possibilité réelle, là où tant d’initiatives restent enfermées dans une participation d’apparat.
Du ponctuel à l’engagement structuré : dépasser le ritualisme
Les critiques récentes distinguent nettement la consultation épisodique – réunion unique, sondage en ligne – d’une implication soutenue et structurée. Seules ces démarches de longue durée (jurys citoyens sur plusieurs mois, cycles récurrents de budget participatif, panels de co‑conception comme dans le projet Rues et places de possibles) offrent le temps nécessaire pour informer les participants, délibérer collectivement et établir une relation de travail durable avec les agents publics. Les Guidelines for Citizen Participation Processes de l’OCDE rappellent que l’influence citoyenne dépend de « cycles délibératifs suffisamment longs pour permettre l’apprentissage mutuel et la maturation des propositions » (OCDE, 2022). Les études sur le budget participatif confirment ce point : lorsque les habitants décident chaque année de l’allocation d’une part du budget local, leurs priorités finissent par façonner celles de l’administration, qui réoriente progressivement ses choix d’investissement (Klimovský et al., 2023 ; Allegretti, 2019 ; Jacquet et al., 2024).
Cet engagement prolongé n’est pourtant pas une garantie absolue. L’enquête de Malcolm Araos (2023) sur la planification d’infrastructures anti‑inondation à New York montre un paradoxe de la participation : après des ateliers coopératifs jugés probants par les habitants, les autorités ont finalement substitué une solution technocratique au plan co‑construit, tout en maintenant une façade « participative ». Ce revirement a suscité désillusion et conflits, illustrant la fragilité des dispositifs quand le partage de pouvoir se heurte à l’inertie bureaucratique ou à la primauté de l’expertise technique. Autrement dit, la durée et la sophistication du processus ne suffisent pas ; encore faut‑il que l’autorité décisionnelle demeure ouverte au résultat de la délibération.
Les expériences menées à Montréal et Strasbourg confirment cette tension. Dans les deux cas, la structuration du protocole sur plusieurs mois, la mise en place d’un calendrier rythmé en plusieurs temps, l’alternance entre moments séparés et convergence collective, ainsi que l’existence d’un huis clos citoyen pour formaliser les propositions, ont permis un investissement substantiel des participant·es. Ce format progressif a favorisé l’apprentissage mutuel, la montée en confiance, et la reformulation partagée des enjeux. Mais il a aussi révélé une condition indispensable : pour que le processus débouche sur autre chose qu’un rapport rangé dans une armoire, les institutions doivent s’engager non seulement à écouter, mais à justifier leurs décisions. C’est cette obligation de redevabilité – formalisée dans le protocole – qui a rendu crédible la démarche.
Face à ces écueils, la littérature prône une participation porteuse de conséquences. Concrètement, cela implique : l’explicitation du lien entre contributions citoyennes et décisions finales ; la publication d’un « rapport d’incidence » qui justifie tout écart ; et l’intégration institutionnelle des instances participatives (statut consultatif officiel, obligation pour l’exécutif de motiver ses refus). L’OCDE, tout comme les travaux sur les dispositifs délibératifs représentatifs, insiste sur ces garde‑fous procéduraux pour passer du geste symbolique à la co‑décision durable.
Mais un paradoxe subsiste : ces démarches, pour être crédibles, doivent être longues, exigeantes, soutenues. Elles mobilisent des ressources humaines, logistiques et politiques considérables, tant du côté des administrations que des participant·es. L’expérience de Rues et places de possibles l’a bien montré : il faut du temps pour construire la confiance, clarifier les rôles, partager les savoirs, produire des propositions structurées, puis organiser leur restitution. Tout ne peut pas être décidé de cette manière.
D’où l’importance de replacer ces formats dans une dynamique organisationnelle plus large. Le but n’est pas de déployer partout des dispositifs intensifs, mais de créer une culture interne de la participation, qui permette d’actionner des “crans progressifs” de co‑construction, selon la nature des enjeux et la maturité des acteurs impliqués. Si la culture organisationnelle évolue – si l’on valorise les savoirs d’usage, si l’on forme les agents à l’écoute, si l’on adapte les circuits de décision pour accueillir des contributions extérieures –, alors il devient possible de faire vivre la participation sans dépendre systématiquement d’instances lourdes. Autrement dit, le véritable enjeu est moins de multiplier les protocoles que d’institutionnaliser une posture d’ouverture, capable de s’adapter aux situations. C’est là que le lien avec les postulats de Schein redevient central : seule une transformation des croyances profondes permet de dépasser le ritualisme sans tomber dans l’épuisement procédural.
Co‑construire des solutions complexes : la participation comme nécessité, non comme luxe
Longtemps, on a présenté la technicité ou la conflictualité d’un dossier comme une raison d’écarter les profanes ; l’expertise devait primer pour « aller vite ». Les recherches récentes inversent la proposition : plus un problème est wicked (épineux) – multicausal, incertain, traversé de valeurs divergentes –, plus il faut ouvrir la fabrique de la décision pour articuler des savoirs hétérogènes et construire un accord viable. Denford, Dawson, Desouza et Manoharan montrent ainsi que les administrations qui mobilisent activement les parties prenantes disposent d’un portefeuille de ressources plus adapté aux turbulences contemporaines que celles qui restent entre pairs ; la participation devient alors un actif stratégique, pas un supplément d’âme.
Les assemblées délibératives fournissent la preuve empirique de cette capacité citoyenne à traiter la complexité. L’assemblée française « Convention citoyenne pour le climat » (2019‑2020) a réuni 150 personnes tirées au sort pendant neuf mois ; dotés de temps, d’expertise pluraliste et de facilitation, les participants ont formulé 149 propositions structurées et juridiquement rédigées. L’étude de Giraudet et al. (2022) conclut que la co‑construction entre citoyens et experts n’a pas bridé l’initiative citoyenne ; au contraire, elle a permis l’émergence de mesures ambitieuses et cohérentes, témoignant d’une appropriation fine des enjeux scientifiques, économiques et sociaux. Autrement dit, la complexité ne constitue pas une barrière cognitive ; elle exige un design participatif exigeant – phases d’apprentissage, pluralité de sources, modération professionnelle – pour révéler la créativité des profanes.
Ce paradoxe mérite d’être souligné : plus une situation est incertaine, plus il peut sembler tentant d’en confier l’analyse à quelques experts. Et pourtant, c’est précisément dans ces moments que l’ouverture devient indispensable. Ce n’est pas malgré la complexité qu’il faut faire participer, mais à cause d’elle. Lorsque les solutions sont multiples, les effets incertains et les enjeux traversés par des conflits de valeurs, aucun acteur – pas même l’État – ne peut prétendre détenir seul la bonne réponse. Dans ces cas, la participation ne ralentit pas le processus, elle en conditionne la robustesse politique, sociale et cognitive.
Dynamique collaborative et résolution des conflits : des bénéfices inattendus
Reste le maillon critique : la jonction entre le mini-public et le système institutionnel. Le rapport gouvernemental issu de la Convention pour le climat n’a intégré qu’une fraction des propositions, illustrant la vulnérabilité d’un processus pourtant robuste lorsque l’engagement politique en aval fait défaut. La leçon est claire : la complexité appelle un double investissement. D’une part, concevoir des dispositifs capables d’absorber la densité des informations et la diversité des points de vue ; d’autre part, prévoir un mécanisme d’atterrissage institutionnel qui oblige les pouvoirs publics à argumenter toute non-prise en compte des recommandations. À défaut, même la participation la mieux outillée reste suspendue, exposée à la « dérive procédurale » qui dilue l’effort collectif dans l’indécision.
C’est précisément ce que le projet Rues et places de possibles a cherché à anticiper, en formalisant dès le départ un engagement de restitution publique, en présence d’élu·es et de directions administratives, et en introduisant une exigence de justification explicite pour tout arbitrage contraire aux propositions citoyennes. Ce cadrage, loin d’être accessoire, a permis d’ancrer les recommandations dans le cycle de décision et de tester un modèle de co‑décision à faible intensité, mais à haute visibilité institutionnelle.
Mais au-delà des effets visibles sur les processus, ce type de démarche révèle aussi des effets latents sur la culture organisationnelle, en particulier sur le sens du travail public. Plusieurs agents impliqués dans le projet ont exprimé, au fil du processus, un regain d’engagement et une résonance nouvelle entre leurs valeurs personnelles et les objectifs institutionnels. Ce phénomène s’analyse à travers le concept de Public Service Motivation (PSM), défini par Perry (1990) comme « une prédisposition à répondre à des motifs fondés principalement sur l’intérêt public, le service à la collectivité, et la volonté de contribuer à la société ».
La co-construction avec les citoyens, lorsqu’elle est sincère et bien structurée, permet de réactiver cette disposition. Le fait d’entendre des propositions argumentées, parfois ingénieuses, et de pouvoir en discuter hors du cadre conflictuel habituel a produit un effet de reconnaissance mutuelle. En d’autres termes, la participation ne bénéficie pas qu’aux citoyens : elle revitalise aussi les administrations, en alignant plus étroitement la mission de service public avec les pratiques quotidiennes des agents. Cet apprentissage organisationnel – souvent sous-estimé – participe du déplacement des valeurs proclamées vers les postulats implicites décrits par Schein : il témoigne d’un changement de regard sur le rôle même de l’administration dans la société.
C’est dans ce sillage que s’ouvre la réflexion suivante : au-delà de la qualité des décisions, la participation transforme les relations. Elle ouvre des espaces de confiance, de compromis et de régulation collective des conflits que les procédures classiques échouent souvent à produire. Elle enclenche, au sein même des organisations publiques, une dynamique apprenante, où les pratiques évoluent autant que les représentations du métier de servir.
L’exclusion participative : un pari risqué pour les projets complexes
À l’inverse des démarches de co‑construction, les décisions top‑down prises sur des enjeux complexes se heurtent fréquemment à des blocages d’implantation ou à une contestation sociale, faute d’avoir intégré les connaissances locales et les préférences nuancées des publics concernés. Les recherches récentes sur les infrastructures énergétiques et les projets de transport le confirment : l’absence de concertation initiale entraîne retards coûteux, conflits d’usage et crises de légitimité, tandis qu’une co‑conception précoce avec la communauté tend à fluidifier la mise en œuvre (Bianchi et al., 2021 ; Zhang et al., 2024). Autrement dit, les coûts de la non-participation ne sont pas seulement démocratiques, ils sont aussi opérationnels. L’OCDE (2023) en tire une conclusion sans ambiguïté : plutôt que de voir la complexité comme un obstacle à l’implication citoyenne, il faut y voir le meilleur argument pour l’organiser. Aucun acteur – pas même l’État – ne détient seul les ressources cognitives, politiques ou opérationnelles pour résoudre des problèmes wicked. Il faut dépasser la « consultation par défaut » pour instaurer une gouvernance véritablement collaborative.
Valoriser l’expertise distribuée : un changement culturel indispensable
Cette exigence ne relève pas seulement du design participatif. Elle engage une transformation plus profonde du rapport au savoir dans les administrations publiques. Reconnaître que l’expérience d’usage quotidienne d’un espace, d’un équipement ou d’un service constitue une forme d’expertise – située, incarnée, irremplaçable – suppose une évolution culturelle. Une bureaucratie qui ne valorise que le savoir technique restera rétive à la co‑construction. À Strasbourg, les équipes d’aménagement ont ajusté plusieurs propositions à partir des retours du panel citoyen, traitant les riverains non comme des « usagers difficiles », mais comme des partenaires compétents. Cet ajustement n’est pas uniquement procédural : il traduit une disposition d’esprit favorable à l’apprentissage croisé. La littérature confirme ce point : quand la culture administrative s’ouvre à la pluralité des savoirs et à l’expérimentation, la participation cesse d’être un fardeau – elle devient une ressource pour naviguer dans l’incertitude (Cairney, 2024). Ainsi comprise, la reconnaissance de l’expertise distribuée devient un levier stratégique pour faire face aux défis complexes tout en consolidant la légitimité des décisions publiques.
Enfin, il faut reconnaître que le terme même de « participation citoyenne » souffre aujourd’hui d’une usure conceptuelle manifeste. À force d’être invoqué dans des contextes hétérogènes – parfois pour désigner de véritables démarches de co‑décision, parfois pour maquiller des consultations purement symboliques –, le concept tend à se vider de sa substance analytique. Loïc Blondiaux (2007) parle d’« illusion participative », dénonçant un usage incantatoire du mot sans remise en cause des logiques décisionnelles classiques. Pierre Rosanvallon (2011), quant à lui, souligne l’asymétrie persistante entre les promesses d’inclusion et le monopole institutionnel de la décision, qui contribue à fragiliser la crédibilité des dispositifs. De même, Yves Sintomer (2011) invite à distinguer les formes véritablement délibératives des instruments participatifs routinisés, réduits à des fonctions de communication publique.
Pourtant, les mécanismes que recouvre cette notion – délibération, co‑construction, démocratie dialogique – restent profondément pertinents pour affronter les défis contemporains. Ce sont les grilles d’analyse et les structures institutionnelles qui montrent leurs limites, plus que les démarches elles-mêmes. L’expérimentation que nous avons documentée plaide ainsi pour un double déplacement : revisiter le vocabulaire que nous mobilisons pour décrire ces démarches, afin de mieux en qualifier les ambitions et les effets ; et repenser l’architecture administrative qui permettrait de les accueillir autrement qu’à la marge. Autrement dit, c’est moins la participation qu’il faut réinventer que les cadres dans lesquels elle se déploie.
Conclusion : ouverture symbolique ou levier transformateur ?
L’examen de « Rues et places de possibles » à la lumière de quatre dimensions – profondeur culturelle, moteurs internes versus pressions externes, risques de tokenisme et adéquation entre complexité et co‑construction – révèle que la participation peut devenir un vrai levier de transformation publique, mais seulement si elle s’enracine dans la culture organisationnelle. Les signes observés à Strasbourg – routines adaptées, personnel dédié, parrainage politique – laissent penser que l’administration intègre peu à peu de nouveaux postulats sur la production de la valeur publique, au sens de Schein : la capacité d’agir n’est plus réservée aux seuls experts, mais partagée avec les citoyens.
Cette mutation reste fragile. Sans engagement interne sincère, les innovations participatives risquent de se limiter à l’ajout d’artefacts séduisants – réunions conviviales, plateformes sophistiquées – sans altérer les rapports de pouvoir. L’expérience montre combien il est facile de glisser vers une « participation de façade », offrant l’inclusion dans la forme, mais non dans la substance. Pour éviter cet écueil, il faut cultiver une culture administrative d’écoute, former les agents à la facilitation, modifier les processus décisionnels et instaurer une reddition de comptes sur l’usage effectif des apports citoyens.
Ce constat rejoint une intuition plus générale : en matière de participation, les impulsions périphériques – mobilisations citoyennes, revendications locales, critiques externes – suffisent rarement à transformer durablement les logiques d’action. C’est au « centre » de l’organisation, là où se cristallisent les légitimités internes, que s’ancrent les routines et que s’élaborent les réels changements de posture. Là aussi que se joue la transition des artefacts vers les postulats, pour reprendre la lecture de Schein.
Par ailleurs, un autre déplacement semble nécessaire. Le terme même de « participation citoyenne » tend à se saturer, tant il est invoqué pour désigner des dispositifs aux ambitions et aux effets très contrastés. Ses usages multiples, voire contradictoires, ont progressivement vidé le concept de sa capacité analytique. Pourtant, les mécanismes qu’il désigne – délibération, co‑conception, apprentissage collectif – restent pertinents. Il ne s’agit donc pas de les abandonner, mais de renouveler les grilles de lecture et les cadres institutionnels qui leur donnent sens. Cela suppose, en creux, de revisiter notre vocabulaire autant que nos structures.
Les leçons se diffusent : de plus en plus de villes reconduisent chaque année le budget participatif ; des agences co‑élaborent leurs politiques avec des assemblées citoyennes. Ces exemples confirment que l’innovation profonde peut jaillir de l’intérieur de la bureaucratie lorsque des gestionnaires éclairés traitent les citoyens en partenaires. Lorsque ces champions internes s’allient à l’énergie civique, ils ouvrent la voie à une gouvernance réellement inventive.
La lecture critique du projet franco‑québécois inspire donc un optimisme mesuré : la participation peut dépasser le rang de vitrine pour devenir catalyseur d’un changement institutionnel qui redistribue le pouvoir et stimule la créativité collective. Tout dépend de la volonté des administrations de faire descendre la participation du niveau cosmétique vers leurs valeurs et opérations quotidiennes. Entre réinvention démocratique et faux‑semblants, la recherche récente offre aux praticiens publics une boussole claire : ancrer la co‑construction dans les structures, les compétences et la culture, afin que le « possible » participatif devienne, en pratique, un véritable ressort de transformation.
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Ouvrages et chapitres
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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (3 mai 2025). Expérimentation participative : innovation superficielle ou changement institutionnel ? Le blog du papa chercheur. Consulté le 12 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13uyo