Les “Outils de discernement en action” – Mes réponses à 6 questions sur cet article

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton nouvel article ?
Mon article, Discernment Tools in Action, raconte l’histoire de la création et de l’application des “outils de discernement”, une méthode développée avec Bruno Latour. L’objectif est de permettre à des acteurs publics et citoyens de s’emparer de problématiques complexes, de poser des diagnostics clairs, et d’élaborer des solutions pragmatiques. Je me concentre notamment sur deux études de cas : la révision des politiques jeunesse à Bordeaux et le débat sur le racisme systémique à Montréal.
Qu’est-ce qui t’a conduit à travailler sur ce sujet dès 2015 ?
Tout a commencé à Nantes, lors d’un projet mené avec Hélène Combes. En parallèle, ma rencontre avec Bruno Latour la même année a marqué un tournant. À l’époque, nous étions tous deux profondément préoccupés par des enjeux démocratiques et environnementaux. Bruno Latour avait des idées très claires sur ces sujets, mais il ressentait une certaine humilité face à la participation citoyenne qu’il disait ne pas maitriser. Cette remise en question nous a poussés à tester de nouveaux outils pour mieux intégrer les citoyens dans le processus décisionnel.
Les “outils de discernement”, qu’est-ce que c’est exactement ?
Ce sont des dispositifs conçus pour permettre à chacun, qu’il s’agisse d’un expert ou d’un citoyen, de s’emparer de questions complexes. En gros, ils aident à clarifier les enjeux, à poser des diagnostics, et à imaginer des solutions collectives. L’idée est de faciliter la compréhension des problèmes complexes tout en reliant l’expertise technique et les besoins citoyens. Ces outils créent un pont entre le savoir académique et l’action politique, selon les mots de Max Weber dans Le Savant et le politique.
Comment as-tu appliqué ces outils concrètement ?
Dans l’article, j’explique comment ces outils ont été mis en œuvre dans deux contextes spécifiques : à Bordeaux, pour réviser les politiques jeunesse, et à Montréal, lors d’un débat public sur le racisme systémique. À chaque fois, il s’agissait de sujets complexes, avec des parties prenantes diverses, mais les outils de discernement ont permis d’organiser le dialogue et de faciliter la prise de décision.
Pourquoi ce sujet te tient-il particulièrement à cœur ?
Depuis 2003, je suis convaincu que l’innovation et l’intelligence collective sont des clés pour résoudre les problèmes complexes auxquels font face nos sociétés. Les autorités publiques doivent sans cesse s’adapter, et je crois fermement que des outils comme ceux-ci peuvent faire une vraie différence. Ils permettent d’impliquer les citoyens de manière active et constructive dans des décisions qui les concernent directement.
Quelles sont les prochaines étapes pour ce projet ?
Mon objectif est de voir ces outils utilisés plus largement, notamment dans des contextes où la participation citoyenne est essentielle pour la qualité des décisions. Mon article propose un protocole opérationnel qui pourrait servir de modèle pour d’autres projets à venir. Je vais aussi continuer à travailler sur ces questions dans le cadre de mes recherches. En particulier une magnifique expérimentation s’amorce dans les prochains jours à Strasbourg et Montréal sur des problématiques d’aménagement urbain …
Lire l’article ici : https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/16094069241286844
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (19 septembre 2024). Les “Outils de discernement en action” – Mes réponses à 6 questions sur cet article. Le blog du papa chercheur. Consulté le 8 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12bsf