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Fonte du pergélisol à Salluit (Nunavik), un changement climatique loin d’être anecdotique

Permettez-moi de vous emmener dans un voyage au cœur du froid, où la terre semble garder un secret, un mystère qui pourrait bien bouleverser notre avenir : la fonte du pergélisol. Notre destination ? Le village de Salluit, situé au Nunavik, une contrée située dans le Grand Nord du Québec. Salluit est une bourgade typique du Grand Nord, où l’hiver règne pendant la majeure partie de l’année. C’est ici que vit Michael Cameron, un homme qui, depuis sa tendre enfance, a vu son village se transformer sous l’impact des changements climatiques. Le phénomène qui l’a le plus marqué ? Les glissements de terrain, qui se sont multipliés avec les années. Cela pourrait paraître surprenant pour certaines personnes, mais pour les résidents de Salluit, c’est le quotidien…

Crédit photo : CEN SALLUIT RESEARCH STATION

Et tout cela, c’est à cause du réchauffement de la Terre. Même si ce réchauffement semble négligeable pour nous autres, dans des régions plus clémentes, ici, c’est une autre histoire. Même une légère hausse de la température peut avoir de graves conséquences, notamment la fonte du pergélisol, cette couche de sol permanente qui demeure sous 0 °C toute l’année pendant au moins deux ans. Cette fonte perturbe l’équilibre fragile de leur environnement, créant même des déplacements de sol visibles au sein même des habitations. Heureusement, dans ce contexte difficile, la communauté de Salluit n’est pas seule. Une collaboration a été initiée avec l’Université Laval et la Chaire de recherche en partenariat sur le pergélisol au Nunavik pour aider à comprendre et atténuer les effets de cette situation. Ensemble, ils explorent le sol et étudient des moyens d’aider les communautés à s’adapter à ce phénomène inquiétant.

L’une des solutions qui émerge : et si les bâtiments étaient construits sur le substrat rocheux, soutenus par des pieux enfoncés profondément dans le sol ? C’est une idée qui peut sembler audacieuse, mais face à la fonte du pergélisol, c’est peut-être la clé pour assurer un avenir stable pour les habitants du Nunavik.

Sans doute, le temps est venu pour une analyse plus approfondie de cette situation. Comme beaucoup le diraient, le diable est dans les détails et l’enjeu du pergélisol ne fait pas exception à cette règle. D’une importance insoupçonnée, ce bouleversement, loin d’être anecdotique, nous oblige à repenser notre rapport à l’environnement, à l’habitat, à la communauté et à la résilience.

Pour commencer, l’effet du réchauffement climatique sur le pergélisol dépasse de loin la simple érosion des terres ou les glissements de terrain. C’est un changement fondamental qui remet en cause des équilibres millénaires. L’empreinte d’une civilisation qui, depuis des temps immémoriaux, a appris à vivre en parfaite symbiose avec une nature à la fois généreuse et austère. La fonte du pergélisol ne se résume pas à des modifications environnementales, elle représente une rupture radicale avec des modes de vie ancestraux, une rupture si brutale qu’elle questionne l’avenir même des communautés qui y sont confrontées.

D’autre part, l’adaptation nécessaire face à cette réalité est colossale. Nous parlons de la relocalisation de villes entières, de la refonte complète des infrastructures de base, des moyens de subsistance traditionnels et des pratiques culturelles. Il s’agit de la construction de bâtiments sur des substrats rocheux, un processus qui nécessite une expertise technique considérable et des investissements massifs. C’est une course contre la montre pour réinventer des modes de vie dans des conditions de plus en plus précaires.

Cela bouleverse également la relation entre les humains et leur environnement. Le sol, autrefois solide et fiable, devient mouvant et incertain. Les paysages familiers se transforment en quelque chose d’étranger et d’hostile. Il s’agit de la confrontation brutale à une réalité en mutation rapide, qui nous pousse à reconsidérer nos perceptions et à revisiter notre relation à la nature. La terre n’est plus seulement un lieu d’habitat, elle devient un acteur actif, transformant la vie de ses habitants d’une manière que nous ne pouvions pas anticiper.

Enfin, la crise du pergélisol met en lumière la fragilité de notre écosystème global et de la biodiversité qu’il héberge. Ce ne sont pas des anecdotes, mais des signaux d’alarme qui retentissent, nous rappelant la nécessité d’un changement profond et immédiat. La fonte du pergélisol affecte non seulement les communautés humaines, mais aussi un nombre incalculable d’espèces animales et végétales. Les habitats des animaux polaires comme le renard arctique, le bœuf musqué ou encore le lemming sont gravement menacés. Les chaînes alimentaires sont perturbées, ce qui peut entraîner des répercussions en cascade sur l’ensemble de la biodiversité. Des espèces entières peuvent être mises en danger d’extinction, une perte irréversible qui appauvrit la richesse biologique de notre planète.

De plus, le pergélisol abrite d’immenses réserves de carbone, enfermées dans les plantes et les animaux morts depuis des milliers d’années. Lorsque le pergélisol fond, ces réserves de carbone sont libérées sous forme de dioxyde de carbone ou de méthane, ce qui accélère encore le changement climatique. C’est un cercle vicieux qui menace non seulement les espèces arctiques, mais aussi l’équilibre climatique de l’ensemble de notre planète. Il s’agit de marqueurs qui soulignent l’urgence de la situation, des preuves concrètes de l’impact du changement climatique. Ce que nous voyons à Salluit n’est pas un événement isolé, c’est une fenêtre sur ce qui attend notre monde si nous ne prenons pas des mesures radicales pour contrer le réchauffement de notre planète. Les perturbations à Salluit sont un écho des perturbations mondiales qui affectent des écosystèmes partout sur la Terre, des forêts tropicales aux récifs coralliens, du fait de l’activité humaine.

Il est donc impératif d’agir, pour protéger notre planète, ses écosystèmes fragiles et la biodiversité précieuse qu’ils abritent. Comme le montre la situation à Salluit, la question n’est plus de savoir si le changement climatique affectera nos vies, mais plutôt de quelle manière et à quel rythme.

Source : https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1999515/inuit-fonte-pergelisol-universite-laval


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (2 août 2023). Fonte du pergélisol à Salluit (Nunavik), un changement climatique loin d’être anecdotique. Le blog du papa chercheur. Consulté le 8 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/snsu


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