La collaboration en équipe : un défi essentiel pour la recherche scientifique

La recherche scientifique est souvent associée à une image de travail solitaire, mais la réalité est tout autre. Les scientifiques travaillent souvent en équipe, collaborant avec des collègues de différents horizons disciplinaires pour résoudre des problèmes complexes et interconnectés. La collaboration en équipe est essentielle pour faire progresser la recherche scientifique, mais elle comporte également des défis uniques.
Les équipes de recherche multidisciplinaires sont particulièrement importantes pour aborder des problèmes complexes et interconnectés qui nécessitent une expertise dans différents domaines. Par exemple, la recherche sur les changements climatiques requiert une collaboration entre des scientifiques de différentes disciplines, tels que les géologues, les biologistes et les économistes. Les questions de santé publique peuvent également exiger une approche multidisciplinaire, impliquant des chercheurs en médecine, en sociologie et en économie de la santé. La collaboration entre les sciences dures et les sciences humaines et sociales est également cruciale pour répondre à des questions sociales complexes, telles que la compréhension des inégalités ou la lutte contre les discriminations.
Cependant, travailler en équipe peut également présenter des défis. Les équipes multidisciplinaires peuvent avoir des cultures et des modes de travail différents, ce qui peut entraîner des malentendus et des frictions. Les membres de l’équipe peuvent également avoir des objectifs différents ou divergents, ce qui peut entraîner des conflits ou des compromis qui ne sont pas idéaux.
Pour surmonter ces défis, les scientifiques peuvent adopter des méthodes de collaboration efficaces. Par exemple, la méthode de co-création, qui implique l’implication des parties prenantes dès le début du processus de recherche, peut aider à aligner les objectifs et à favoriser la collaboration. Les méthodes de communication claires et fréquentes sont indispensables, mais les réunions régulières de l’équipe et les mises à jour fréquentes sur les progrès atteignent leurs limites. Pour prévenir les malentendus et les frictions de “nouvelles” méthodes se généralisent :
- Les outils de collaboration en ligne tels que Slack, Trello ou encore Asana peuvent permettre de centraliser les échanges et de suivre l’avancement des tâches en temps réel. Ils permettent également de faciliter la communication entre les membres de l’équipe, même à distance.
- Les groupes de discussion en ligne peuvent être une alternative intéressante aux réunions physiques. Ils permettent de poser des questions, de partager des informations, de discuter des résultats et de prendre des décisions en temps réel.
- La mise en place de routines de communication régulières, comme des briefings quotidiens ou hebdomadaires, peut aider à maintenir l’équipe sur la même longueur d’onde et à éviter les malentendus.
- L’utilisation d’outils de visualisation tels que les cartes mentales, les diagrammes de Gantt ou les tableaux de bord peut faciliter la compréhension et la communication des informations.
La collaboration en équipe est essentielle pour faire progresser la recherche scientifique, mais elle doit être gérée avec soin. En tant que chercheurs, nous devons apprendre à travailler efficacement avec des collègues de différents horizons disciplinaires et à surmonter les défis uniques que cela peut présenter. En travaillant ensemble, nous pouvons contribuer à des avancées importantes dans notre compréhension du monde et à la résolution de problèmes complexes et interconnectés.
Voici un exemple de méthode de collaboration multidisciplinaire en science qui m’a récemment marqué : le projet “Migrant Health: Equity and Access in the Global South“. Les chercheurs ont travaillé ensemble pour mettre en place une approche interdisciplinaire qui a impliqué des experts de la santé publique, de la sociologie, de la médecine, de l’économie, de la psychologie et de la géographie. Ils ont travaillé avec des migrants dans plusieurs pays du Sud, en recueillant des données quantitatives et qualitatives sur leur santé et leur accès aux soins de santé. Les chercheurs ont également travaillé en étroite collaboration avec des organisations locales pour garantir que les résultats de la recherche soient pertinents et applicables sur le terrain.
Le projet a mis en lumière les inégalités persistantes en matière de santé et d’accès aux soins de santé pour les migrants dans les pays du Sud. Les résultats ont montré que les migrants ont souvent des taux plus élevés de maladies infectieuses et chroniques, ainsi que des difficultés à accéder aux soins de santé en raison de barrières financières, linguistiques et culturelles.
L’approche interdisciplinaire du projet a permis de mieux comprendre les facteurs sociaux, économiques et culturels qui contribuent à ces inégalités en matière de santé et a permis de proposer des recommandations pour améliorer l’accès aux soins de santé pour les migrants. Ce projet a également souligné l’importance de la collaboration entre les chercheurs et les communautés locales pour garantir que les résultats de la recherche soient pertinents et utiles pour résoudre des problèmes de santé publique complexes et interconnectés.
Référence :
Gagnon, M. L., Labonté, R., & Gohari, S. (2019). A knowledge integration framework for global health policy and systems research: learning from a project on tobacco control in Iran. Globalization and Health, 15(1), 1-11. doi: 10.1186/s12992-019-0478-6
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (12 janvier 2023). La collaboration en équipe : un défi essentiel pour la recherche scientifique. Le blog du papa chercheur. Consulté le 22 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/snqn