Science et politique : entre controverses et nécessités (4/6)

Les laboratoires de recherche sont souvent considérés comme des lieux neutres de production de connaissances. Cependant, ils ne sont pas exempts des pressions politiques et des enjeux de financement. Les politiques publiques ont un impact majeur sur la recherche, en termes de financement, de thématiques abordées ou encore de choix des partenaires de recherche. Ainsi, les orientations politiques peuvent avoir une influence sur le type de recherche menée, notamment sur les questions touchant les groupes marginalisés ou les enjeux sociaux et environnementaux. Par exemple, une réduction du financement pour les sciences sociales peut conduire à une réduction du nombre d’études portant sur les inégalités sociales ou la discrimination.
Les laboratoires de recherche sont aussi souvent financés par des fonds publics, ce qui soulève des enjeux d’éthique et de responsabilité envers la société qui les finance. Les chercheurs ont ainsi une responsabilité de rendre compte de l’utilisation des fonds publics et de leur recherche en général. Dans ce contexte, les politiques publiques peuvent jouer un rôle important en encadrant la recherche et en assurant une certaine transparence quant à l’utilisation des fonds publics.
Il est également important de souligner que les politiques publiques peuvent avoir un impact sur l’autonomie des laboratoires de recherche. En effet, les financements peuvent être assortis de conditions et de contraintes qui limitent l’autonomie des chercheurs. Par exemple, certains financements peuvent être soumis à des contraintes de temps ou de publication qui peuvent entraver la qualité de la recherche. Dans ce contexte, il est important que les politiques publiques permettent aux laboratoires de recherche de maintenir leur autonomie et leur liberté de recherche.
Concrètement, à quoi ça ressemble une journée dans un labo ?
6h00 : Le réveil sonne. Douche et un café, je prends la route pour me rendre à mon laboratoire de recherche. Sur le trajet, je réfléchis aux tâches à accomplir aujourd’hui, notamment la relecture d’un article à publier dans une revue prestigieuse. Le temps de marche est précieux pour planifier.
7h50 : Arrivé au laboratoire, un salut aux collègues avant de me plonger dans mes courriels. Je le fais le matin en arrivant et après je coupe la messagerie. Je réponds à plusieurs demandes sur les réseaux sociaux et de la part de mes étudiants, puis je consulte ma boîte de réception universitaire pour vérifier si j’ai reçu de nouveaux documents importants.
9h00 : Réunion de travail en équipe de recherche. Nous discutons des projets en cours, évaluons les avancées et discutons des idées à venir. Nous examinons également les différentes pistes de financement qui pourraient nous permettre de poursuivre nos travaux de recherche. On se challenge beaucoup, c’est important et exigeant.
10h30 : J’assiste à une conférence sur les enjeux de la recherche scientifique dans le domaine de la politique publique. Les différents intervenants abordent des sujets tels que l’impact de la recherche sur les politiques publiques, les enjeux de financement, la participation du public dans la recherche, et la nécessité d’assurer l’éthique et l’impartialité dans les travaux de recherche. Beaucoup de bonnes idées et intentions, mais sincèrement pas si simple à faire atterrir.
12h00 : Pause déjeuner. Je mange seul, j’ai besoin de silence et de repos. Je fais une petite sieste quand c’est possible.
12h50 : De retour dans mon bureau, je passe en revue les dernières publications scientifiques dans mon domaine de recherche. Je prends des notes et réfléchis à la manière de les intégrer dans mes travaux en cours. Environ 3000 articles sont publiés chaque jour, c’est important de suivre les tendances dans nos domaines. J’envoie également un courriel à un collègue pour lui proposer une collaboration sur un projet de recherche. Objectif : éviter d’avancer seul.
15h00 : Rencontre avec un groupe d’étudiants en master qui me sollicitent pour un conseil sur la rédaction de leur mémoire de fin d’études. Nous discutons ensemble des différentes étapes de la recherche, des méthodes d’analyse, de l’importance de la rigueur et de la qualité de la présentation. La plupart du temps, juste jouer l’effet miroir est un apport.
17h20 : Début d’une autre vie : je suis entraineur des maitres-nageurs. C’est comme une double vie qui me fait vraiment du bien.
19h00 : à mon tour de nager un peu
20h00 : repas avec les filles, rituel du dodo …
(…) Et puis la suite, on va dire que c’est personnel, mais honnêtement cela ressemble à ramper jusqu’au lit et à sombrer dans le sommeil !
Cette journée de travail, comme tant d’autres est ponctuée de multiples tâches, interactions et réflexions. C,est très morcelé. Les chercheurs doivent être capables de jongler entre les différentes responsabilités qui leur incombent : la rédaction d’articles, la participation à des conférences, la formation des étudiants, la recherche de financements, et bien d’autres. Tout au long de la journée, il est primordial de garder à l’esprit l’importance de l’éthique et de l’impartialité dans les prises de décision souvent très rapides. Les discussions informelles dans les couloirs et les décisions prises en équipe sont autant d’occasions pour rappeler à chacun l’importance de la déontologie dans leur travail. En effet, la recherche scientifique doit être menée de manière rigoureuse, intègre et transparente pour que les résultats soient fiables et pertinents.
Une journée de chercheur c’est donc souvent un véritable marathon intellectuel où la passion pour la recherche et le travail en équipe sont les clés de la réussite.
Références :
- Atkinson, R. (2015). Inequality: What Can Be Done? Harvard University Press.
- ILO. (2019). Women and Men in the Informal Economy: A Statistical Picture (3rd ed.). International Labour Organization.
- Nelson, A. (2018). The Social Life of DNA: Race, Reparations, and Reconciliation After the Genome. Beacon Press.
- Savage, M., & Burrows, R. (2007). The Coming Crisis of Empirical Sociology. Sociology, 41(5), 885-899. https://doi.org/10.1177/0038038507080443
- Scott, J. C. (1991). Les intellectuels et le pouvoir. Seuil.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sebastien KEIFF (6 décembre 2022). Science et politique : entre controverses et nécessités (4/6). Le blog du papa chercheur. Consulté le 23 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/snqe